le projet atlas

Le projet atlas hébergé sur le site unepageblanche.com est né du désir d’écrire, de réaliser des montages d’images, de la nécessité d’expérimenter engagement critique et transmission d’un savoir voir, enfin d’un questionnement sur l’acte photographique lié à sa pratique.

Le site propose dans une rubrique atlas des montages (textes originaux et images de provenances diverses) organisés comme un atlas d’images selon quatre motifs pour questionner les images :

L’INSPIRATION

Ce qui a concrétisé et donné sa forme au projet est une rencontre déterminante avec Georges Didi-Huberman, historien de l’art, philosophe, écrivain, enseignant à l’École des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS).

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LA METHODE DU MONTAGE

Georges Didi-Huberman après avoir rappelé que le montage était une question de connaissance, le définit comme un travail manuel. Manipuler des images sur une table de montage et les questionner, leur faire « prendre position », avec deux principes : partir d’histoires individuelles, jamais de concepts. D’un côté, la curiosité méticuleuse et l’attention du minuscule, des « petites choses » dont parlait Walter Benjamin, l’application à rendre compte d’un détail, d’une observation, d’un geste, jusqu’au bout de la description, de l ‘écriture; de l’autre la surprise, le chaos, l’association libre, les analogies secrètes, l’émotion, la sensation.

Image de Une : Aby Warburg, extrait de l’atlas Mnemosyne, planche 70

Georges Didi-Huberman ne cherche pas à faire autorité, c’est ce qui est stimulant. Il rend possible implicitement, dans un geste extrêmement généreux de transmission, la poursuite de ses propres expériences, l’ouverture à d’autres questions. C’est ainsi que le projet est né.

Tout se passe alors dans un système de résonances et de correspondances. D’abord une table vide si l’on veut, puis un problème, une idée, une rencontre, une inspiration. S’en suit un premier montage, au moins deux images, une légende, un texte, une tentative d’écriture, « laisser le travail prendre la parole ». Enfin la mise à l’ouvrage d’un tout et la constitution d’un atlas d’images, parmi d’autres tout aussi possibles.

Capture d’écran 2015-06-16 à 12.44.14Il ne s’agit pas d’un système, mais d’un work in progress, une tentative de réaliser des montages courts, immédiats. Il ne s‘agit ni de classer, ni de répertorier les images, mais plutôt de créer « des ordres inaperçus de cohérence », des « traits d’impensé » (1). Ces montages dialoguent parfois entre eux, se rejoignent ou s’opposent, partent dans des directions totalement inconnues en formant des séries. Ils interrogent les images que nous portons en nous ou qui nous portent sans même que nous nous en rendions compte. Ils tentent de transmettre à leur tour un « savoir voir », un apprendre à voir, en dehors des standards. Pas sûr qu’ils y parviennent, ils essaient en tout cas de tracer cette voie.

Plus qu’un musée imaginaire qui ne ferait que collectionner des images, le projet atlas est avant tout un inquiet questionnement du voir.

Philippe Bonnaves – Juin 2015

(1) Georges Didi-Huberman, « L’image survivante, Histoire de l’art et temps des fantômes selon Warburg », les Editions de Minuit, 2002

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