errance

Trouver la bonne distance, « rentrer dedans », comme au moment des photographies de William Klein ou se tenir plus à distance, c’est certainement une question centrale dans l’acte de photographier. Chaque photographe se l’est sans doute posée d’une manière ou d’une autre avec sous-jacente la question de trouver la bonne place face à son sujet.

Raymond Depardon a écrit quelques lignes sur cette problématique dans son ouvrage (1) qui retiennent l’attention : d’abord, la distance dépend de l’expérience de chaque photographe. Dans la cas de Depardon, sa première expérience avec téléobjectif, en photographiant le pape ou des premiers ministres, a sans doute faussé sa relation au sujet, ce qui l’a conduit a trouvé une distance plus naturelle, en respectant « une espèce d’éthique à ne pas les photographier de trop près » : « Quand j’ai pris un peu conscience de moi-même, de mon regard, j’y ai mis une distance, qui est celle que j’ai naturellement avec les gens ».

Depardon insiste aussi sur le caractère personnelle de cette démarche : « . J’ai ma façon de photographier, j’ai ma distance. Et cette distance, je l’ai revendiquée. Elle n’est pas celle des autres photographes, elle est la mienne. Je l’ai revendiquée, au prix quelquefois de me voir critiqué ou d’être malheureux que l’on ne me reconnaisse pas comme un photographe intéressant parce que j’étais soi-disant trop loin. » (1)

(1) Raymond Depardon, « Errance », Editions du Seuil, Collection Points, 2000, © Raymond Depardon / Magnum, p. 30-32

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