mancala #1

C’est dans la région de Bukittinggi, dans la province indonésienne de Sumatra occidental, en surplomb du lac Maninjau, terre du pays Minangkabau, que j’ai joué pour la première fois avec Monsieur Anas au Congklak, le nom indonésien d’un jeu Mancala.
Monsieur Anas était propriétaire d’un gîte assez rudimentaire et hébergeait chaque jour les backpackers de passage qui faisaient le chemin entre Bukittinggi et les rives du lac.

Quelques semaines plus tard, de retour à Ubud, la ville que les guides touristiques vantent comme étant le centre culturel de Bali, j’ai fait fabriquer sur croquis et pour quelques rupiahs, par un artisan sculpteur, dans la petite ville touristique de Mas, un Congklak que je possède encore.
Certains touristes, en quête d’ « authentique culture balinaise » vont jusqu’à s’offrir pendant quelques jours des cours de sculpture sur bois dans le village de Mas.

Au dos de l’objet est gravé : Dewi Ratih, Mas, Ubud, Bali. Dewi Ratih est la déesse de la lune à Bali. S’agit-il donc du nom du sculpteur ou de son atelier, je ne sais pas.

Le Congklak possède les caractéristiques de celui avec lequel j’avais joué à Sumatra : fabriqué en une seule pièce, dans un bois clair dont je ne connais plus l’origine (le jacquier, le belalu ?) et que j’ai vernis depuis, il a la forme d’une barque ou plutôt d’une pirogue faisant office de plateau, possède deux rangées, chacune comportant 7 alvéoles de dimensions égales avec deux alvéoles supplémentaires plus grandes et profondes à chaque extrémité.

En me remémorant le Congklak de Monsieur Anas que je me suis pour ainsi dire réapproprié, je note cependant de nettes dissemblances tant d’un point de vue visuel que pratique : les trous sont nettement plus petits et trop profonds pour pouvoir « récolter » et « semer » aisément les pierres ou graines à l’intérieur (c’est le principe du jeu), le bois de mon souvenir est de couleur nettement plus foncé et l’objet me paraissait plus léger à manier (de l’ébène ?).
Je ne peux en vouloir au sculpteur de Mas plus habitué à réaliser les archétypes de la mythologie balinaise attendus par les occidentaux et promus par toutes les agences de voyage. Il a travaillé quasiment à l’aveugle étant donné la piètre qualité de mon croquis de référence, réalisé de mémoire. Qui plus est, ce jeu est visiblement inconnu à Bali.